C’était la dernière audience, c’était la dernière sentence, et le rideau sur l’palais est tombé…

  • Écrit par  Michel-Pierre Raynaud-Bardon
  • mardi 19 juillet 2016 à 18h31

Ambiance de fin d’époque vendredi huit juillet, au Palais de Justice de Béziers… Dans les services désertés, les bureaux vidés, les greffes déménagés, l’on sentait un sentiment de mélancolie lentement draper les lieux historiques…

La dernière audience correctionnelle avait été levée quelques heures plus tôt, et si les greffières ne voulaient pas montrer leurs yeux humides, c’est qu’elles accusaient la poussière du déménagement…

Pour célébrer cette triste nouvelle, Madame le Président du Tribunal correctionnel de Béziers Claire Ougier et l’Ordre des Avocats, secondé par l’UJA, s’étaient unis pour rassembler une dernière fois le personnel administratif, les magistrats et les auxiliaires de justice dans l’enceinte du désormais ancien Palais de Justice, autour d’un apéro dinatoire où chacun contribuait à son élaboration.

Forte affluence donc ce vendredi soir, sous une chaleur étouffante et dans une salle des pas perdus chauffée à blanc, avec un buffet débordant de victuailles variées et appétissantes.

Au milieu des souvenirs qui rejaillissaient de la mémoire de chacun, nous célébrâmes le départ vers d’autres greffes de Frédérique Laplaneta et de Déborah Courtin, une des chevilles ouvrières de notre Palais, avec des discours émouvants et souvent étranglés par l’émotion, et quelques présents qui sont bien modestes au regard de notre reconnaissance.

La soirée avançant, on se remémorait les longues heures d’attente dans le minuscule espace d’accueil du Greffe du JAF, régulièrement tancés par les greffières qui peinaient à accomplir leur travail… Les descentes à la cave pour tenter d’obtenir des renseignements sur une décision d’AJ attendue depuis guère plus mais pas moins, auprès de l’imprévisible mais sympathique « Zézette »… Les interminables heures d’attente au Correctionnel à jouer sur le téléphone portable ou à perdre son regard dans l’irremplaçable panorama offert depuis les fenêtres…

Le temps d’un dernier procès dans la grande salle du Correctionnel, où les rôles inversés virent notre chère Madame Ougier nous offrir un privilège des pires excuses jamais entendues des prévenus, il fallut vraiment se résoudre à quitter les lieux, abandonnant comme une partie de soi entre les murs de ce Palais qui résonnera encore des plaidoiries dont il fut rempli…